09 Oct Pourquoi chanter est-il une nécessité ?
Honorer l’art choral, c’est oeuvrer à son rayonnement partout et pour tous : dans les écoles, les établissements de soin, en milieu rural… Les chanteurs et leur chef, Mathieu Romano, sont présents autant que possible, y compris en motivant la pratique du chant à travers la formation des chefs de choeur et choristes amateurs et semi-professionnels.
La France est un terreau formidable pour la pratique chorale qui concerne des millions de personnes.
C’est dire à quel point le chant est bénéfique !
Entretien avec Mathieu Romano
A quoi correspond la nécessité de chanter ? Qu’est-ce qui motive votre désir de transmission ?
Pour l’Ensemble Aedes, cela part d’une envie très forte, plus que d’une nécessité, d’aller à la rencontre des publics partout où ils se trouvent, de motiver la pratique du chant partout où elle peut s’épanouir. Dès le début de l’aventure Aedes, nous avions ce désir d’aller au-delà du concert en proposant à nos publics de travailler avec eux et d’apporter la musique là où elle se fait trop rare !
On a besoin d’art et de culture pour s’élever mais on n’y a pas toujours accès ou on ne s’en donne pas toujours la possibilité. C’est important, à mon sens, que les artistes soient là pour reconnecter la société avec cette nécessité. D’autant que chanter est ce qu’il y a de plus simple, de plus direct ! Le chant permet de renouer avec ses émotions. C’est l’âme humaine qui s’exprime à travers à la voix, d’où la difficulté qu’il peut y avoir parfois à s’autoriser cette forme de liberté.
Quelles sont les vertus du chant collectif ?
Le chant est connecté au corps. La voix est l’instrument qui nous anime, nous relie et nous unit. Chanter est toujours une expérience physique et psychologique en même temps que musicale. Car, qu’est-ce que chanter sinon s’exprimer, parler, s’affirmer ?
A travers toutes les actions que nous menons, on observe souvent les bienfaits physiques que procurent le chant. Par exemple, en maison de retraite, il arrive qu’au cours d’un concert, les personnes se mettent à chanter d’elles-mêmes. Alors, on voit très nettement qu’en retrouvant cette capacité et les émotions qu’elle suscite, elles se mettent à bouger, elles s’ancrent dans leur corps, leur regard est plus éveillé… c’est libérateur ! La force du chant réside aussi dans le fait qu’on apprend à s’écouter soi et à écouter les autres. Chanter ensemble, ce n’est pas se diluer dans un collectif mais au contraire, mettre sa personnalité et sa force au service du collectif.
Comment le chant choral pourrait-il être plus présent dans la société ?
De toute évidence, en commençant à chanter dès l’enfance. Le plan choral initié par le Ministère de la Culture va dans ce sens… C’est la seule façon de former les consciences à l’idée que l’art et la culture sont au centre de tout. Mais pour intégrer cela, il faut le ressentir. Quand j’étais écolier, on se réunissait pour chanter dans une chorale une fois par semaine, ce sont des souvenirs extraordinaires.
Comment l’Ensemble Aedes agit pour le rayonnement du chant choral ?
Cette année encore, nous menons des actions importantes, en partenariat avec nos deux lieux de résidence, la Cité de la Voix à Vézelay et le Théâtre Impérial de Compiègne.
Dans le cadre du plan choral, nous travaillons sur la création d’un opéra participatif, un projet au long cours qui associe les écoles, collèges et lycées techniques de la région Haut-de-France et qui donnera lieu à une représentation au Théâtre de Compiègne en 2020.
A la Cité de la Voix, nous avons initié des académies pour les chanteurs et chefs de choeurs en voix de professionnalisation ! Mais il y a aussi, tout au long de la saison, des projets plus ponctuels, comme l’initation au chant dans deux écoles primaires à Auxerre et l’organisation d’une journée du chant choral où l’on fera des animations et ateliers de découverte pour les enfants…
Avec les Brigades vocales, nous travaillons avec des chorales amateurs, qui sont invitées à faire nos premières parties de concert. Depuis la création d’Aedes, nous proposons régulièrement des formations pour les choristes et chefs de choeur amateurs. C’est à mon sens le meilleur moyen de motiver et de faire rayonner la pratique du chant.
Aussi, grâce à la fondation Tournesol, nous sommes très investis dans les hôpitaux et maisons de retraite, à la fois pour donner des concerts mais aussi pour chanter « en chambre » au plus près des patients. Et pour l’heure, j’interviens une fois par semaine dans une chorale d’entreprise… la transmission est un métier à plein temps !
Quel est votre plus beau souvenir de rencontre autour du chant ?
Il y en a tellement ! Je me rappelle d’un élève de 5ème dans un collège où l’on faisait de l’initiation au chant. Il était particulièrement rétif, braqué, il trouvait le chant « nul ». Lors de notre dernière intervention, il est venu me voir pour me demander s’il pouvait chanter tout seul devant la classe une chanson de Poulenc que l’on avait apprise ensemble. Ce moment a été magique.
Plus récemment, nous donnions un concert en quatuor dans un EHPAD. A la fin du concert, un couple de retraités nous a demandé s’ils pouvaient aussi nous chanter quelque chose. Ils sont montés sur scène et ont entamé une chanson d’amour en duo, c’était extrêmement touchant !
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